Arashiyama, des singes et des bambous (2/2)
Arashiyama est un poumon vert que les Kyotoïtes aiment fréquenter le weekend et plus particulièrement lors de Ohanami (la saison des cerisiers en fleurs) et Koyo (feuilles rougies par l'automne). Et en effet, en cette fin de novembre, la foule était nombreuse à fouler les allées des parcs et les ruelles marchandes de ce quartier excentré.
L'ascension de Ywatayama ayant laissé des traces, flâner du côté du parc Kameyama et surtout m'approcher enfin de la fameuse forêt de bambous, me semblait une bonne idée pour continuer la découverte d'Arashiyama.
Le parc Kameyama, à mon sens, n'a pas tellement d'intérêt à par celui d'offrir de larges allées pour se dérouiller les chevilles et un "parc pour enfants" qui en fait n'est qu'une aire de jeux plane sans aménagement aucun. Quelques arbres offraient aux passants rêveurs leurs couleurs automnales, et les rares arbres concernés étaient pris d'assaut par les photographes amateurs et leur modèle d'un jour. Prendre des photos au Japon est un art largement partagé. Personne ne s'étonne ni ne commente les multiples poses soit disant kawaii que peut prendre une midinette ou même une femme d'âge mûr. On attend. Au bout d'une bonne dizaine de poses plus ou moins réussies, on peut espérer pouvoir immortaliser une feuille rougissante.
Je suivais les flèches indiquant l'approche du fameux chemin de bambous, à la fois impatiente et dubitative : ce qui fait du bruit peut se montrer bien décevant. Déjà, les bambous s'alignaient d'un côté du chemin. A droite au prochain croisement. On n'y était. Des flèches d'un vert bleuté s'élançaient vers le ciel, piliers d'une cathédrale végétale. Parfois, quels troncs noirs s'intercalaient, demandant à être admirer eux aussi dans ce diktat tubulaire. La lumière peinait à passer. Filtrée par les tiges opalescentes, elle se laissait amadouer et sagement dispensait un éclairage tamisé. Le tunnel n'est pas long, mais suffisamment pour contenter les promeneurs en quête de la photo qui saurait capter l'instant suspendu. Déjà, j'arrivais au bout, retour de la lumière, l'éther fugace s'est évaporé.