Expérience au pays du bouddhisme (1/2)

Quand j'ai cherché à réserver une chambre d'hôtel à Takayama, j'ai trouvé l'occasion de cumuler expérience touristique et expérience philosophique : une chambre au temple hôtel Takayama Zenkoji. Je dois avoué que les 37 photos présentes sur le site de Booking m'ont rassuré, parce que sortir de sentier battu, ok, mais avec un certain confort rassurant. Les échanges avec ce que j'appellerais pour le moment l'hôtel furent fort cordiaux même quand je me suis rendue compte que je m'étais trompée dans les réservations d'une journée. Je cherchais à modifier les dates sur Booking mais aucune disponibilité ne s'offrait pour les nouvelles dates demandées. Je pris alors directement contact avec l'hôtel. Ne recevant pas de réponse dans la journée, par acquis de conscience je réservais une autre chambre d'hôtel pour la première nuit à Takayama. Je gardais ma réservation pour la seconde nuit au temple hôtel, tenant absolument à mon expérience mystique et surtout les nuitées n'étaient pas remboursables. Finalement,  le temple a très gentiment accédé à ma demande et j'ai annulé l'hôtel "classique" tout confort avec salle de bain privative.

C'est donc en sortant de la gare routière que je me suis rendue à pied à mon nouvel hébergement. Le temple est à 10 minutes de marche et est indiqué par une enseigne lumineuse sur le trottoir. Quand on parle de temple hôtel, il faut comprendre temple, ce qui signifie qu'il n'y a pas réception comme on peut la trouver dans un hôtel. Et je dois également signaler que si je ne pouvais pas modifier ma réservation sur Booking, c'est que le temple ne recevait pas d'hôtes le jour de mon arrivée. Ce qui signifie qu'il n'y avait pas de réception. Autrement dit, s'il y avait de la lumière certes, le temple était fermé ! Il apparaît après coup que l'information de mon arrivée n'avait pas été passée. Je finis par trouver une porte de service ouverte et j'appelais en désespoir de cause une bonne âme qui serait m'ouvrir la porte de l'hôtel. Enfin du temple. Bref, du temple hôtel.

Sept heures de transport, marche de nuit dans une ville inconnue parce qu'absence de taxi et maintenant porte fermée. Mon moral commençait à être au plus bas, surtout qu'en novembre, la nuit, en montagne, il ne fait pas chaud. Mais la porte finit pas s'ouvrir pour me laisser entrevoir ce qui allait être mon univers pendant deux nuits. Première impression, il allait y faire froid ! Comme pour contre balancer cette évidence, l'accueil, lui, était chaleureux. Enregistrement de la chambre, visite de l'"établissement". Mais n'oubliez pas que nous sommes dans un temple, avant d'être accepté dans un temple hôtel vous devez vous présenter à la déité, ici Amida. Flexion du buste pour entrer dans le hall de cérémonie, position assise sur les talons ("j'espère qu'on ne va pas rester comme ça trop longtemps parce que mes genoux vont hurler de douleur"), mains jointes, inclinaison "Amina Noria", et voilà les présentations sont faites, je suis admise au temple ("de toute façon, ils n'auront pas le choix que de me garder, je ne réussirai jamais à me relever. Mes vieilles jambes ne veulent plus se déplier"). Cependant  ma chambre n'était pas prête - car non, l'information de mon arrivée n'était pas passée. On me propose très aimablement d'aller dîner le temps de réparer cet impair, toutefois en laissant mes bagages. Et pour dîner, il me faut retourner vers le centre ville. Et là, j'ai craqué : j'ai sorti mon téléphone et ai cherché s'il y avait un McDo proche. Et Bouddha merci, il y en avait un à 700 mètres.

Après avoir copieusement mangé, retour à l'hôtel. Chemin faisant, en passant devant tous ces hôtels aux fenêtres ouvertes sur une proposition alléchante de chaleur, je me disais que j'allais récupérer mes bagages et migrer vers un ailleurs meilleur. En fin de compte, en entrant dans ma chambre temple,  la chaleur de la pièce était si consolante que j'adoptais aussitôt la résolution de rester là pour deux nuits.

C'est peut-être ça le Bouddhisme, un havre de paix où on ne l'attend pas !