Miyajima : Le feu sacré du mont Misen

Quelque soit l'option qu'on choisit pour admire la vue panoramique sur la mer de Seto et Hiroshima (entre autres), le mont Misen, point culminant de Miyajima, sait se faire respecter. Les puristes montent à pied et redescendent soit à pied, soit par le téléphérique. La catégorie suivante monte par le téléphérique et redescend à pied. Et les derniers, qui ne sont pas moins méritants, attaquent l'ascension et descendent par le téléphérique, mais gagnent le sommet sur leurs pieds. Voilà pour les trois premières options.
Ensuite il faut savoir qu'il existe trois chemins différents pour "mater" ce sommet pour la montée comme pour la descente, plus au moins difficiles, mais ayant des particularités différentes. Pour faire ce choix de circuit, il faut bien lire tous les descriptifs qu'on trouve. Tous. Cela évite des surprises ; je pense que je n'ai pas été seule aujourd'hui à opter pour la mauvaise solution.
Le mont Misen pour les touristes, c'est d'abord la montée en téléphérique. Un aplomb vertigineux, une vue magnifique, surtout avec le ciel azur. Le sommet du mont se trouve à dix minutes de la gare du téléphérique. Il est bien recommandé sur un panneau de prendre de l'eau et de bien vérifier que vous serez revenu à temps pour prendre la dernière cabine. Ce qui devrait mettre la puce à l'oreille. Le chemin commence donc par une petite descente bien sympathique en ce jour frais mais ensoleillé. Dix minutes. Dix minutes ? Pour un jeune, sportif et volontaire. Pour un randonneur aguerri et déterminé. La montée est mortelle pour le coeur et les jambes des non initiés.
Cependant, il y a en cours de parcours, une récompense délicieuse. Non pas quelque chose qui se mange, mais un site qui se déguste avec l'âme. Le pavillon Reikado qui abrite le feu sacré allumé par Kukai (religieux bouddhiste) quand il fait une retraite de cent jours sur le mont Misen et que ce feu ne s'est jamais éteint. Ce qui signifie, que la grosse marmite contenant l'eau qui m'a désaltérée, était chauffée par des flammes douze fois centenaire. C'est un lieu à part, un moment suspendu dans le temps. De ces instants qu'on voudrait qu'ils ne finissent pas. Cette petit bâtiment dont les fumées des bougies votives et bâtons d'encens vous brûlent les yeux, vous piquent la gorge, vous gardent captifs. Un repli sur soi mais une élévation sur le monde.
Alors, certes, le parcours est difficile, la descente Daisho-in encore plus avec son escalier de 20000 marches qui détruisent les genoux, mais ce que je retiendrai du mont Misen, ce n'est pas le panorama splendide présenté sur fond d'un azur lavé par une petite pluie matinale, ce ne sont pas les douleurs qui me vrilleront les genoux pendant plusieurs jours, mais c'est l'image de ce feu qui brûle depuis des temps immémoriaux et pour encore, je l'espère, au moins autant de siècles.